Le Grand Site Salagou - Cirque de Mourèze
Du barrage au Grand Site de France en projet
Le barrage et la naissance du lac du Salagou
A l’origine, le Salagou est un ruisseau qui parcourt une vallée aride. Ce cours d’eau de type méditerranéen subit des crues soudaines. Jusqu’à la construction du barrage, les terres riveraines du Salagou étaient plantées de vignes, d’oliviers et de céréales pour les plus fertiles, landes et garrigues pour les plus ingrates. L’économie locale repose alors sur la polyculture.
La mise en eau de la vallée
En 1958, dans le cadre d’une politique régionale de reconversion du vignoble vers l’arboriculture, le Ministère de l’Agriculture lance le projet de barrage. Accumulée, cette réserve d’eau vient irriguer des cultures en aval. Le barrage permet d’écrêter les crues du fleuve Hérault, pour limiter les inondations.
Maître d’ouvrage du projet, le Département de l’Hérault achète en 1962 900 hectares de foncier (terres de la vallée jusqu’à la cote 150). Les travaux s’étalent de 1964 à 1969 et vont générer des expropriations. Les vannes sont fermées et la mise en eau commence en 1969.
Finalement, le niveau d’eau s’arrête à la cote 139 : le village de Celles et le hameau des Vailhés sont hors d’eau. En définitive, disparaîtront sous l’eau l’imposante maison communément nommée « le château », deux fermes dans la vallée, une laiterie, des remises agricoles et des terres cultivées, des ponts et vestiges d’un pont supposé de l’époque romaine, une grande portion de la Route Nationale 9, version moderne d’une voie de passage empruntée depuis des temps très anciens.
Le lac se remplit en deux ans seulement. La mise en eau de la vallée est avérée et le lac nait en 1971.
Des résistances
Devant le refus de certains habitants de quitter leur domicile, des expropriations ont lieu. Elles s’inscrivent dans les mémoires et laissent des cicatrices.
Le lac vient remplir la vallée en son centre et en désorganise le fonctionnement. Les villages ne sont plus reliés les uns aux autres. Des habitudes, des voisinages disparaissent.
Le barrage
Le barrage est construit selon une technique particulière et innovante à l’époque : un barrage poids en enrochements de basalte avec un masque d’étanchéité en macro-béton bitumeux. Les carrières sont encore visibles sur les plateaux basaltiques voisins (Auverne, Montredon, Germane).
Un barrage poids à la rupture improbable
- Pluviométrie moyenne : 970 mm
- Cote normale : 139 Cote maximale : 142
- Hauteur d’eau maximale dans le lac : 54.5m
- Le lac : 750 ha et des profondeurs variant de 4 à 40 mètres
- Production hydroélectrique
- Hauteur du barrage : 62.30m
- Longueur de la crête du barrage : 357m
- Largeur de la crête : 7.42m
- Surface du masque amont : 22 000m2
- Poids des enrochements basaltiques : 1 650 000 tonnes
De nouveaux usages
Dans un contexte de crise viticole et fruitière, la vocation initiale d’irrigation des cultures de la vallée est abandonnée. De nouveaux usages s’installent autour du lac.
Le SIATS
En 1976, douze communes créent le Syndicat intercommunal d’aménagement touristique du Salagou (SIATS). Le Syndicat réalise les premiers aménagements structurants autour du lac tels que les campings et les bases nautiques, les auberges à Clermont et à Octon, les gîtes, les terrains de tennis et le ponton de promenade à Clermont l’Hérault.Il végétalise également les berges et aménage des accès à l’eau pour les pêcheurs. Un projet de réhabilitation de 108 kms de piste VTT voit aussi le jour.
Classement du site : non au projet de golf-hôtel
En 2000, le projet d’installation d’un golf-hôtel de luxe par un investisseur américain mobilise à nouveau les habitants, qui vivent ce projet comme une nouvelle mainmise industrielle et économique sur leur territoire. Des personnalités reconnues réagissent : José Bové, Noël Mamère…
Le 5 juillet 2000, la Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement Dominique Voynet prend position contre ce projet et pour la protection de la vallée au titre des sites.
L’abandon du projet marque un tournant dans l’histoire du site puisque la lutte aboutit au classement de la vallée du Salagou et du cirque de Mourèze, en 2003.
En 2000, le projet d’installation d’un golf-hôtel de luxe par un investisseur américain mobilise à nouveau les habitants, qui vivent ce projet comme une nouvelle mainmise industrielle et économique sur leur territoire. Des personnalités reconnues réagissent : José Bové, Noël Mamère…
Le 5 juillet 2000, la Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement Dominique Voynet prend position contre ce projet et pour la protection de la vallée au titre des sites.
L’abandon du projet marque un tournant dans l’histoire du site puisque la lutte aboutit au classement de la vallée du Salagou et du cirque de Mourèze, en 2003.
Zone Natura 2000 du Salagou
La même année, la Zone de Protection Spéciale du Salagou est créée par le réseau européen Natura 2000, pour la protection de 20 espèces d’oiseaux. La zone comprend une partie du site classé et s’étend au delà, plus au sud.
Un classement qui recrée une unité
En 1969, la construction d’un barrage dans la vallée du Salagou puis, la naissance du lac ont créé un nouveau paysage. Aujourd’hui, le traumatisme engendré par ce changement s’apaise. Une dynamique s’installe, incertaine encore, autour de la notion de lieu unique. En classant le site en 2003, les acteurs locaux et l’Etat choisissent de fonder son devenir sur la singularité du paysage, et de son histoire.
Le classement redonne à ce site éclaté une cohérence paysagère d’ensemble. Le classement de l’ensemble de la vallée est un outil puissant et efficace pour protéger le site d’interventions extérieures massives. Mais il est exigeant, et difficile à manier. Il demande une vision paysagère d’ensemble, qui échappe encore aux acteurs : ce paysage est tout à fait nouveau, inédit, voire incongru. Comment utiliser le classement pour intégrer le choc et le dépasser, sans nier l’histoire du lieu ? Comment, face aux incertitudes, éviter la répétition de l’histoire ?
Mémoires de la vallée du Salagou
A l’occasion des 50 ans du lac du Salagou, en 2019, Radio Pays d’Hérault a réalisé une série intitulée « Mémoires de la Vallée du Salagou »
Composée de quatre épisodes, ces enregistrements sonores, témoignages d’anciens et de nouveaux habitants de la vallée avant et depuis le lac, vous aideront à comprendre l’histoire singulière des lieux et leur avenir.